![]()
La Banque européenne d’investissement, l’Alliance solaire internationale et l’Union africaine dévoilent une étude sur le potentiel de l’hydrogène vert en Afrique, avec le soutien du gouvernement mauritanien, HyDeal et CGLU Afrique. L’analyse met en évidence les avantages de l’exploitation de l’énergie solaire pour créer de l’hydrogène vert dans quatre hubs africains : la Mauritanie, le Maroc, l’Afrique australe et l’Égypte.
Le rapport souligne que l’Afrique bénéficie de facteurs de capacité en matière d'énergies renouvelables allant de 28 % à 36 % pour le solaire et de 26 à 51 % pour l'éolien terrestre. Le rapport estime qu’une exploitation optimale du potentiel solaire et éolien des pays africains devrait permettre au continent de produire entre 30 et 60 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici 2050, soit environ 10% du marché mondial de l’hydrogène vert à cet horizon. Les auteurs du rapport s’attendent dans ce cadre à ce qu’une industrie africaine de l'hydrogène dotée d’une capacité de production aussi élevée génère entre 1,9 et 3,7 millions d'emplois directs. Elle augmenterait également le produit intérieur brut cumulé du continent 60 à 120 milliards de dollars d'ici à 2050. La proximité de certains grands centres de demande, dont l’Europe, devrait d’autre part placer le continent dans une position optimale pour devenir un exportateur majeur d’hydrogène vert. L'exploitation de l'énergie solaire africaine pour produire 50 millions de tonnes d'hydrogène vert par an d'ici 2035 peut contribuer à sécuriser l'approvisionnement énergétique mondial, à créer des emplois, à décarboniser l'industrie lourde, à renforcer la compétitivité mondiale et à transformer l'accès à l'eau potable et à l'énergie durable. "L'Afrique dispose de la meilleure énergie solaire au monde et la transformation de cette énergie en hydrogène vert peut renforcer la sécurité énergétique, réduire les émissions et la pollution et décarboniser l'industrie et les transports. La Banque européenne d'investissement collabore avec des partenaires en Afrique et dans le monde entier pour exploiter son potentiel d'énergie renouvelable afin de produire à grande échelle de l'hydrogène vert à faible coût. Le rapport sur l'extraordinaire potentiel de l'hydrogène vert en Afrique montre les possibilités concrètes de transformer l'accès à l'énergie verte et à l'eau propre sur le continent et au-delà ", a déclaré Abdessalam Ould Mohamed Salah, ministre de l'énergie de la République de Mauritanie. Pour produire entre 30 et 60 millions de tonnes d’hydrogène vert par an, le continent devrait cependant mobiliser des investissements estimés entre 680 et 1300 milliards de dollars d’ici 2050. La plus grande partie des investissements (320 à 610 milliards de dollars) serait consacrée à la construction de centrales solaires et de parcs éoliens nécessaires à la production de 1500 à 3000 térawattheures d'énergie renouvelable, soit plus de 50 fois la production actuelle de l'Afrique issue du solaire et de l’éolien. Le rapport révèle par ailleurs que les pays africains ne concentrent aujourd’hui que 3 % des annonces de projets de production d’hydrogène décarboné à l’échelle mondiale, notant cependant que cette part augmente rapidement depuis trois ans. Au total, 23 projets ont été annoncés sur le continent pour des investissements cumulés de près de 100 milliards de dollars (30 milliards pour les équipements et environ 70 milliards de dollars pour les énergies renouvelables nécessaires à la production de l'hydrogène). Ces projets concentrés essentiellement dans les sous-régions de l’Afrique du Nord et de l’Afrique australe représentant une capacité d'électrolyse d'environ 48 gigawatts. Leur production future est cependant destinée à l’export à hauteur de 90%.
0 Commentaires
Transformation locale, extraction responsable, filière intégrée… Le nouveau vocabulaire minier annonce une évolution des préoccupations des investisseurs, mais aussi des retombées pour les pays producteurs.
Publié sur Jeune Afrique le 14 juin 2022 à 18:45 (www.jeuneafrique.com) Par Gaëlle Arenson (Mis à jour le 14 juin 2022 à 21:44) Minerais « verts » : changement de paradigme dans l’industrie extractive – Jeune Afrique « Just transition for communities », ou la « transition juste pour les communautés » : tel est le nouveau standard de l’industrie minière si l’on en croit Christian Mion, associé senior de EY Consulting en charge des mines et de l’énergie pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Celui-ci intervenait en ouverture du panel consacré aux minerais « verts » et aux opportunités qu’ils offrent à l’Afrique organisé lors de la deuxième journée de l’Africa CEO Forum à Abidjan. De fait, « les critères Environnementaux Sociaux et de Gouvernance (ESG) s’invitent dans l’industrie minière », explique Souleymane Traoré, le directeur général de la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG), qui confirme ce changement de paradigme. « Autrefois, ce qui comptait avant tout aux yeux des investisseurs, c’était la teneur en bauxite de notre minerai. Dorénavant, ce qui leur importe, c’est de savoir si cette bauxite est extraite de manière responsable et si elle bénéficie aux populations locales », poursuit-il. Avant d’ajouter : « Il ne sera pas long à arriver le moment où deviendra indispensable, une labellisation complète des minerais tenant compte de leur origine et de leur mode d’extraction, voire de leur mode de transformation locale. » Intégration au Ghana Pour Philippe Bourdeaux, vice-président senior de Veolia, chargé de l’Afrique et du Moyen Orient, il s’agit désormais « d’un enjeu de réputation de marque » pour les opérateurs miniers sur le continent et ailleurs. Dans leur chaîne de valeur, les compagnies de la filière extractive ne peuvent tout simplement plus opérer sans prévoir le traitement de leurs rejets, de leurs eaux usées et l’utilisation d’une énergie responsable, soit les trois métiers du géant tricolore. Veolia intervient déjà sur ces fronts pour le compte d’AngloGold Ashanti Ltd au Ghana ; l’entité y voit un gisement d’opportunités pour la filière. S’assurer que les populations locales bénéficient des retombées du secteur extractif, c’est la stratégie que déploie quant à lui le ministre ghanéen des Terres et des Ressources minérales, Samuel Jinapor. Le producteur ghanéen d’aluminium Valco (Volta Aluminium Co) a été créée en 1962 pour mettre en valeur les gisements de bauxite du pays. Mais depuis cette époque, la filière vivote car le Ghana importe l’alumine – étape intermédiaire de transformation de la bauxite – au lieu de la fabriquer sur place et ainsi, de créer de la valeur localement. L’administration minière ghanéenne se fixe comme objectif d’installer sur le territoire une raffinerie d’alumine et de bénéficier ainsi des retombées économiques d’une filière pleinement intégrée. R&D au Maroc Cette approche d’intégration figure aussi au centre de la stratégie d’entreprise de Managem, explique Naoual Zine, directrice générale de Reminex, la filiale R&D et d’ingénierie du groupe minier marocain. « Si Managem a pu déployer sans relâche cette politique de maîtrise complète de la chaîne de valeur, c’est grâce au soutien inconditionnel et à la vision à long terme de son actionnaire Al Mada, dont le slogan est ‘positive impact’ ». Quand certaines mines de son portefeuille ne rapportaient pas de bénéfices, Managem n’interrompait pas pour autant l’activité des sites en question ; au contraire, les programmes de R&D de Reminex se poursuivaient en parallèle pour déboucher au final sur des brevets développés in-house comme pour la fabrication de cathodes de cobalt, ou encore d’unités hydro-métallurgiques de transformation de métaux. Le royaume chérifien en abrite actuellement une dizaine. Jeune Afrique: Minerais « verts » : au Cap, l’industrie extractive à l’heure de la transition énergétique – Jeune Afrique
La grande messe du secteur extractif africain a eu lieu au Cap. Au menu l’édition 2022, hydrogène vert et ESG pour mener la quatrième révolution industrielle.16 mai 2022 à 14:06 Par Gaëlle Arenson - envoyée spéciale au Cap Mis à jour le 17 mai 2022 à 16:10 « Transition énergétique », « ESG [Environmental, social and governance – critères environnementaux, sociaux et de gouvernance] », « hydrogène vert » resteront les maitres mots de la rencontre Investing in Mining Indaba 2022, figurant à l’ordre du jour de tous – ou presque – les panels de présentation. Pour le continent, et en particulier pour l’Afrique du Sud hôte de cet évènement depuis une vingtaine d’années, l’urgence est particulièrement palpable sur le front de la décarbonation. Le pays dépend à 70 % du charbon pour son mix énergétique, tandis que son taux de chômage, de plus de 35 %, est l’un des plus élevés d’Afrique. Comment négocier la réduction du recours à cette énergie fossile sans aggraver encore la situation de l’emploi ? Le ministre sud-africain des Minéraux et des Ressources énergétiques, Gwede Mantashe, a fixé la tonalité du débat dès l’ouverture de la conférence le 9 mai : « Le courage, c’est la capacité à surmonter et à gérer la peur ». Le pays doit se retrousser les manches pour prendre, en marche, le train de la quatrième révolution industrielle, a-t-il encore déclaré. Pour Demetrios Papathanasiou, directeur monde Énergie et industries extractives de la Banque mondiale, « il nous faut avancer, il nous faut réduire nos émissions, nous sommes déjà en retard ». Tshokolo Nchocho, DG de l’Industrial Development Corp (IDC) sud-africaine conclut : « Nous ne pouvons nous permettre de manquer les opportunités industrielles liés à la transition énergétique. Et en même temps, nous ne pouvons tolérer un processus où de nombreuses personnes sont laissées sur le bord du chemin, nous nous devons d’être inclusifs ». La feuille de route est fixée. Sous-investissement chronoque dans la recherche D’autant que tout est loin d’être négatif sur le front minier sud-africain. La nation arc-en-ciel abrite 70 % des réserves mondiales des métaux du groupe du platine (PGM), essentiels dans le procédé de fabrication de l’hydrogène vert. Mais le gouvernement saura-t-il mettre en place les politiques industrielles fortes pour développer cette filière quand d’autres pays les ont déjà enclenchées, à l’instar du Maroc et de l’Égypte ? « Nous sommes mobilisés pour saisir les opportunités de l’économie de l’hydrogène », rassure le président sud-africain Cyril Ramaphosa, ancien entrepreneur notamment dans les mines, citant la mise en service inaugurale la semaine précédente, par Anglo American, du plus gros engin minier au monde fonctionnant à l’hydrogène vert, sur le site de Mogalakwena (platines). Et Ramaphosa d’aller plus loin : « Nous nous engageons à apporter les aides nécessaires à une nouvelle vague d’exploration dans le nickel, les terres rares et le cuivre ». L’industrie minière sud-africaine, et plus largement africaine, souffre de sous-investissement chronique dans la recherche et l’identification de nouveaux gisements, en particulier depuis la crise de 2014. Les réserves de minerais sont mises en valeur, mais ne sont pas remplacées. Miser sur le cuivre ? Le métal rouge, à usage transverse à quasiment tous les niveaux de la transition énergétique, est en effet l’autre grande star de la conférence, à bas bruit. Même si les « capitaines du mining » en ont déjà saisi son enjeu. Au déjeuner de presse de Barrick, son emblématique dirigeant Marc Bristow – chantre inconditionnel de l’or – explique sans ciller que « le cuivre est le métal le plus stratégique à l’heure actuelle : pour décarboner le monde, vous avez besoin de cuivre ». Pour Hakainde Hichilema, le président zambien élu en août 2021, autre invité d’honneur de l’Indaba 2022, la route est particulièrement ardue. Le mandat de son prédécesseur Edgar Lungu a laissé la filière cuprifère exsangue au moment où, ironie du sort, le cours du métal a dépassé la barre des 10 000 dollars la tonne. Ces dernières années, Vedanta et Glencore se sont retirés respectivement des Konkola Copper Mines et des Mopani Copper Mines, renationalisées par le gouvernement. Si bien que le nord-américain First Quantum se retrouve aujourd’hui unique opérateur de cuivre du pays, qui enregistre une production annuelle de 850 000 tonnes. Initiatives de redressement Qu’à cela ne tienne, Hichilema a déclaré fixer comme objectif de production de la Zambie 3 millions t/an. « We’re open for business », a-t-il appelé à l’endroit des acteurs clé du cuivre dans le monde. « Nous avons une tolérance zéro pour la corruption, la Zambie est gouvernée par l’État de droit. Nous rassurons les investisseurs sur la sécurité de leurs actifs. Nous soutenons nos opérateurs locaux, mais sans recourir au nationalisme des ressources », a encore plaidé le président zambien, ancien homme d’affaires. Parmi ses premières initiatives pour redresser l’industrie depuis sa prise de poste, l’abaissement de l’impôt sur les sociétés, la réintroduction de la déductibilité des royalties, la suspension ponctuelle de l’attribution de permis pour nettoyage et digitalisation du service du cadastre « afin de déraciner la corruption endémique au secteur ». Et la signature le mois dernier d’un mémorandum d’entente avec sa voisine, la RDC, pour développer une chaîne de valeur dans les batteries électriques. En 2021, la RDC a généré 1,8 million t/an de métal rouge, plus du double de la Zambie. Sans parler du cobalt, autre métal clé de la transition énergétique dont le pays recèle 50% des réserves mondiales, et dont la Zambie dispose aussi en quantité, mais qu’elle n’a jamais développé. Le droit de l’environnement au cœur de la santé environnementale (8) Par maître Taleb Khyar *10/15/2021
Cette hypothèse n’a rien d’anecdotique, rien de fantaisiste non plus ; on peut même affirmer qu’il s’agira de revivre les conséquences de la sécheresse des années soixante-dix (70), mais dans un environnement plus hostile, car les populations seront cette fois-ci enfermées dans leurs espaces de vie qui deviendront de véritables camps de réfugiés, des ghettos, en attente de dons en provenance de personnes charitables, ou d’institutions caritatives pour surmonter leur détresse, ou survivre à leur calvaire ; ce sont en effet quatre millions de personnes, conformément aux projections, qui se verront privées de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture de subsistance, autant d’activités qui ont permis à leurs ancêtres de traverser des siècles en toute quiétude.
On peut difficilement imaginer que le projet dont la réalisation est envisagée puisse valablement suppléer à ce mode de vie qui garantit un équilibre des relations marchandes intra-communautaires (pêcheurs, éleveurs, cultivateurs), procure subsistance et favorise une coexistence harmonieuse avec l’environnement ; se retrouver à terme avec une demi-dizaine de millions de bouches sans nourriture, sans emplois, sans abris, ne va pas se résoudre grâce à des acrobaties budgétaires à la limite de la légalité, pompeusement qualifiées d’arguments macro-économiques, et ce ne sont certainement pas les rentiers du mégaprojet qui viendront au secours des populations déracinées, dont les repères auront été gommés d’ici là. Une chose est certaine ; avec ce mégaprojet, on s’éloigne des objectifs premiers de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) que sont le développement de l’agriculture irriguée, la production d’énergie et la navigation. Ce mégaprojet ne répond pas non plus, aux objectifs de développement durable proclamés dans la Charte des eaux du fleuve Sénégal, à laquelle la Mauritanie est partie prenante, à côté de la Guinée, du Mali et du Sénégal , charte qui prévoit l’intégration de la dimension de l’environnement dans la gestion de la ressource, et le maintien durable des conditions écologiques favorables dans le bassin du fleuve ; ce texte permet en outre de s’interroger sur la qualité des parties au mégaprojet, pour apprécier à elles-seules, sans égard pour les autres concernées dont la Guinée, le Mali, mais aussi les populations riveraines, la menace que constitue l’activité du mégaprojet sur la sécurité alimentaire, et la lutte pour la réduction de la pauvreté. La sécurité alimentaire, c’est d’abord et avant tout , la préservation de l’écosystème, et si la sécheresse des années soixante-dix (70) a plongé dans la précarité des centaines de milliers de familles, qui sont venues s’agglutiner autour des grandes villes, comme Nouakchott et Nouadhibou, y créant des zones de non-droit largement tolérées ou plutôt subies par les pouvoirs publics, au détriment d’une urbanisation contrôlée, ce scénario ne risque pas de se répéter avec la pollution inéluctable des eaux du fleuve Sénégal sous l’effet de ce mégaprojet , car cette fois-ci, la possibilité d’absorption de l’exode par les villes aura atteint ses limites , et ces populations seront donc des réfugiées sur leur propre territoire, enfermées dans des camps, pour ne pas dire des mouroirs ; on pourra alors valablement parler de réfugiés climatiques, comme d’ailleurs ce fût le cas dans les année soixante-dix (70) lorsqu’on assista à un véritable déferlement des populations rurales venant occuper sauvagement les villes ; il s’agissait déjà de réfugiés climatiques, mais que l’on dissimulait sous le vocable « exode rurale », pour se faire bonne conscience. Les réfugiés climatiques, il y en a désormais au Nord de la Mauritanie, où les populations de Taziast et de l’Inchiri, fortement attachées à leur cheptel, composé exclusivement de camelins, et qu’elles voient se décimer sous leurs yeux à cause des émanations de cyanure, se trouvent obligées de migrer vers d’autres espaces plus cléments qui, bien souvent se situent à des centaines de kilomètres de leurs terres traditionnelles de parcours, ce qui est non seulement porteur d’hostilités et de conflits avec les tribus dominantes dans ces nouveaux espaces, mais provoquent également chez le cheptel, un stress affectant gravement sa santé, la qualité de sa viande et de son lait, du fait de la difficulté qu’éprouvent les « bêtes » à s’intégrer dans cet espace jusque-là inconnu ; une partie de ce cheptel finit toujours par se soustraire à la vigilance des bergers, choisissant délibérément , mais de manière volontaire, irrémédiable, et planifiée, de retourner vers ses terres d’origine, préférant y succomber sous l’effet des émanations de cyanure, que d’errer en terre inconnue, à la recherche de pâturages hypothétiques. Toujours au Nord, mais cette fois en plein milieu urbain à Zoueirat, l’atteinte à l’environnement mobilise les populations contre la floraison d’usines de broyage et de concassage en plein centre de la ville, utilisant des produits toxiques d’une dangerosité gravissime pour les populations , et il faut se féliciter que la justice se soit enfin saisie pour la première fois d’un problème à caractère environnemental, ordonnant l’arrêt des activités des usines de concassage et de broyage, même si la Cour suprême est intervenue pour ordonner le sursis à une telle décision pourtant confirmée en appel à Nouadhibou. Il faut souhaiter que la Cour suprême prenne la mesure de la place qu’est appelé à occuper le droit de l’environnement dans les législations et les pratiques des cours et tribunaux, et trouver le moyen d’affecter à cet effet un budget de formation pour les magistrats de cette haute juridiction afin de les familiariser avec cette discipline d’une actualité brûlante, et qui le sera davantage dans les années à venir. L’intérêt d’une telle formation est de familiariser les apprenants, comme dans aucune autre discipline en droit, avec la dimension internationale du droit de l’environnement due aux effets globaux des catastrophes environnementales, qui s’étendent bien au-delà des frontières géographiques des Etats, outre une meilleure compréhension des grandes problématiques environnementales actuelles, telles le réchauffement climatique, les atteintes à la biodiversité, la pollution des océans…..qui ne peuvent se contenter d’approches strictement nationales. Les apprenants acquerront également une culture pluridisciplinaire, leur permettant de se familiariser avec le rôle des mouvements associatifs dans la préservation de l’écosystème qui devient un enjeu de développement et de santé publique ; nos magistrats pourront alors mieux comprendre, et tolérer avec plus de prédispositions favorables, la présence de la société civile dans les prétoires pour la défense des écosystèmes. Après cette brève digression, revenons au vif du sujet, concernant les usines de broyage et de concassage, afin de souligner qu’il suffit pour en apprécier le danger, de se représenter les incidences des poussières en provenance de telles activités sur les êtres humains : réduction de l’espérance de vie, hausse de la morbidité, inflammation des voies respiratoires, maladies cardio-vasculaires, facilités de contagion dues aux taux élevés de concentration du virus de la grippe dans l’atmosphère. On retrouve des effets identiques sur la faune. Il est de l’ordre du naturel des choses que la population de Zouerate se trouve désormais exposée de manière grave, et imminente à l’apparition de maladies nouvelles jusque- là inconnues avec leurs lots de morts suspectes, et de naissances avec malformations……(à suivre). ![]() Par maître Taleb Khyar o/ Mohamed Mouloud - Le droit de l’environnement au cœur de la santé environnementale (7) Par maître Taleb Khyar * (cridem.org) Des pluies diluviennes, des torrents de boue, des incendies ravageant des centaines de milliers d’hectares, des tempêtes de sable qui ensevelissent des villes entières, des poumons verts de régions entières calcinés…… On serait tenté de croire que cela n’arrive qu’aux autres, et que nous qui ne nous trouvons ni en Asie, ni dans le pourtour méditerranéen où ces retournements de la nature sont signalés, sommes épargnés, à l’abri de ce que vit la Grèce, de ce que vit l’Italie, de ce que vivent la Chine, l’Espagne, la Turquie, la Tunisie….. Grande illusion ! Les cataclysmes qui s’intensifient et se multiplient, échappent à toutes les prévisions météorologiques, et autres modélisations élaborées à renfort d’algorithmes présentés pourtant comme étant d’une grande précision; aussi est-il légitime de croire que les pays côtiers de l’océan atlantique, sont désormais à portée de main des ouragans dévastateurs, des incendies ravageurs, et de bouleversements écologiques majeurs. Il suffit de constater que de l’autre côté de la rive de l’océan atlantique, juste en face de la Mauritanie, à quelques encablures, la grande Amérique, dont la marge croissante de développement se compte en années-lumière par rapport au reste du monde, est impuissante à contenir les déchaînements de la nature, alors que de ce côté-ci de l’atlantique, une mince barrière de sable mouvant semble tenir tête vaillamment, mais de manière de plus en plus pénible, et comme dans un sursaut de résistance dérisoire, aux assauts incessants et continus de la mer ; que cette muraille de sable est quotidiennement affaiblie, fragilisée par les promoteurs immobiliers, qui n’ont d’égard et d’intérêt que pour l’enrichissement que leur procure le prolongement naturel de ce fragile et frêle cordon dunaire qu’ils ne cessent de ronger pour la réalisation de leur funeste dessein ; l’enrichissement à tout prix, sans égard pour la vie d’autrui ; un enrichissement qui crée de la pauvreté, de la désolation, de la détresse. S’enrichir en appauvrissant autrui, s’enrichir en créant de la pauvreté, s’enrichir sans cause ! C’est l’exception mauritanienne ; le sport favori auquel tous les mauritaniens s’adonnent avec délectation, se faire du « grisbi » à en perdre l’âme ; or accroitre son revenu sans créer de la richesse, revient mécaniquement à appauvrir autrui. Cet autrui, ce peut être vous, moi, quelqu’un d’autre, une personne morale de droit privé, de droit public, et de manière générale tous ceux qui détiennent des biens , qui disposent d’un patrimoine, et comme à la tête des argentiers, il y a l’Etat, alors il faut appauvrir l’Etat en provoquant par toutes sortes d’artifices budgétaires et financiers la distribution de revenus de transfert que l’on va par la suite s’approprier grâce à des techniques de captation dont les mauritaniens ont la science, puis à l’Etat succèdent les porteurs privés de capitaux ; il faut également les appauvrir en les donnant en pâture à une délinquance en col blanc qui a réussi, en se payant des lois, à contribuer à l’émergence d’une justice laxiste, impuissante désormais à restituer à la victime ses droits, et à punir les auteurs de comportements attentatoires à la sécurité des biens et des personnes. L’enrichissement accroît la consommation, et donc tracte les prix vers le haut en créant une inflation qui demeure non maîtrisée, aussi longtemps que les mécanismes propres au marché qui jouent le rôle de régulateurs n’en atténuent les effets ; alors les prix s’envolent dans des proportions variables à l’augmentation des revenus, mais lorsque ces revenus sont dus à des flux monétaires sans contrepartie, l’inflation devient toxique. Cette approche n’a rien d’anecdotique, même s’il peut sembler paradoxal que la croissance de la consommation soit contreproductive, contrairement à la perception qu’en ont les courants économiques dominants, particulièrement ceux d’obédience keynésienne, mais lorsque la consommation est due à un accroissement de revenus qui ne correspondent à aucune prestation, ni aucun service, ni aucun bien échangé, alors cette consommation devient toxique ; elle crée de l’inflation plutôt qu’elle ne provoque de la croissance ; il s’agit en effet d’une consommation qui produit des effets identiques à ceux que sécrètent les milliards des barons de la drogue, dont on connaît la perversité. Certes, en Mauritanie, ce sont des milliards dont l’origine n’est pas dans le trafic de drogue, mais des milliards tout de même, qui se baladent sous forme de revenus sans contrepartie, des milliards pour combattre la covid, que l’on pouvait investir dans la formation paramédicale accélérée et l’acquisition de matériels sanitaires, d’autres milliards distribués à vau-l’eau, sous forme de filets sociaux alors qu’on pouvait les utiliser pour renforcer les prestations de la caisse de sécurité sociale, et parfaire de la sorte durablement une meilleure prise en charge des soins des travailleurs et de leurs familles ; ce serait là un véritable combat contre la pauvreté, et pour une meilleure qualité de vie de la main d’œuvre nationale ; le milliard distribué pour secourir le tourisme alors qu’on peut difficilement croire qu’un tel secteur soit secourable en cette période de pandémie, encore que la procédure adoptée pour débloquer ce fonds soit des plus opaques, comme cela a été soulevé par les principaux acteurs du secteur. On ne saurait clore ce chapitre sur l’enrichissement sans cause, avant d’évoquer le haut lieu, le temple de l’inflation qu’est « Taazour », défini par son texte de création comme étant « une administration de mission publique » et qui joue un rôle prépondérant , pour ne pas dire de premier ordre, dans l’impuissance structurelle de la Mauritanie à rembourser sa dette, du fait des subventions du budget de l’Etat, dont cette institution bénéficie, et qui sont ces principales ressources, à côté de celles rétrocédées dans le cadre de conventions de financement, outre les fonds qui lui sont apportés par des personnes morales publiques. Les milliards de Taazour et d’autres institutions auraient dû servir à créer de la connaissance, de l’emploi et de la santé, plutôt que de générer un enrichissement factice, dont la contrepartie est l’accroissement des charges publiques, à côté d’un endettement qui hypothèque toute velléité de développement. L’intention qui est à la base de la distribution de tous ces milliards n’est pas dénuée de bonne foi, mais elle relève d’une méconnaissance totale des mécanismes du marché, comme elle fabrique de l’inflation à chaque coin de rue. L’enrichissement qui crée de la pauvreté, on le trouve également dans d’autres pratiques, comme lorsqu’on dépénalise le chèque sans provision, pour éviter que certains émetteurs de ces instruments de paiement, en déboire avec la justice, ne soient punis, appauvrissant de la sorte les honnêtes gens au bénéfice de délinquants notoires ; comme lorsque l’on supprime la contrainte par corps du corpus juridique pour empêcher que notre « Madoff » national ne soit astreint à cette mesure qui l’aurait sans doute convaincu de réparer le préjudice subi par ses victimes au détriment desquelles il s’est enrichi, alors que des centaines de mères de famille propriétaires, se sont appauvries du fait de leur expropriation , en toute illégalité et de manière violente de leurs biens immobiliers ; pour un comportement identique sous d’autres cieux, où le patrimoine comme tous les autres attributs de la personne humaine, liberté et droits civiques, sont protégés, l’auteur d’une escroquerie similaire a été condamné à 150 ans de prison ; cela veut dire que le droit à la protection des biens et des personnes, bien que garanti par la constitution mauritanienne, reste une fiction, un mythe. C’est pourtant autour de ce droit à la protection et d’un autre droit, non moins important, le droit à la vie, à côté du droit à un développement durable, que s’articule le devoir de préservation de l’environnement, et il faudra bien que nos dirigeants en prennent conscience, qu’ils sachent qu’ils sont débiteurs de ces droits envers toute personne qui se trouve sur le sol mauritanien, sans égard pour sa nationalité , et qu’à défaut d’y prendre garde, ils vont précipiter la perte de ce pays, dont le corps pensant est acquis, subjugué, sous le charme de toutes sortes de théories rétrogrades et mercantiles véhiculées par des multinationales dont la seule valeur est la capture du profit au détriment d’investissements productifs, qui n’ont cure ni pour la santé des populations, ni pour la préservation des écosystèmes dans lesquelles elles évoluent, et qui n’ont d’yeux que pour le profit, le profit, et seulement le profit. A côté de nous, chez nos voisins du Sénégal, les populations se mobilisent pour dénoncer le méga projet gazier que les deux pays frontaliers (Sénégal et Mauritanie) s’apprêtent à réaliser de manière conjointe, sans que les populations riveraines n’aient été de quelque manière que ce soit, consultées , alors qu’il s’agit d’un projet pouvant dégrader de manière irréversible l’environnement, et remettre en cause les intérêts des communautés riveraines, dont la principale ressource est celle que leur procure le fleuve Sénégal, que cette ressource soit à caractère agro-pastorale, ou qu’elle soit liée à la pêche. On ne cesse de chanter les bienfaits de ce mégaprojet, bien qu’il soit porteur de menaces stratégiques pour la souveraineté nationale des deux pays, comme il menace à terme les rapports d’amitié et de fraternité qu’entretiennent les deux Etats, et qui vont très vite se dégrader avant d’aller grossir le contentieux international fourni des conflits de voisinage dont la charge identitaire n’est jamais négligeable, alors même que par le passé, le Sénégal et la Mauritanie ont été incapables à résoudre de manière consensuelle, comme l’auraient fait des nations civilisées, le conflit intervenu en 1989. Les populations riveraines du fleuve Sénégal, de ce côté-ci comme de l’autre côté de la rive, ont toujours vécu en bonne harmonie des siècles durant, jusqu’au jour où des bouleversements écologiques, suite à la sécheresse persistante des années 70, se sont traduits par une invasion des champs de paisibles agriculteurs de la vallée par des éleveurs venus de nulle part, débouchant sur des conflits intercommunautaires que les Etats voisins ont été impuissants à résoudre, ou qu’ils ont même envenimé ; alors comment ces Etats vont-ils se comporter lorsque cette fois-ci, le bouleversement écologique résulte de leur propre initiative, et qu’il faille libérer des espaces pour l’installation du mégaprojet et de ses annexes, ici ou là, ici et là, selon les caprices du management ? Va-t-on parquer ces populations dans des camps de réfugiés ? Va-t-on les exproprier à nouveau ? N’ayant été associées à aucune étude environnementale, en rapport avec ce mégaprojet, ces populations s’exposent à un danger imminent dont elles ignorent tout….(A suivre) *Avocat à la Cour. *Ancien membre du Conseil de l’Ordre ![]() Par maître Taleb Khyar Mohamed, Avocat à la Cour de Mauritanie Ancien membre du Conseil de l’Ordre. L’implication des collectivités décentralisées devrait conduire à l’élaboration de contrats territoriaux d’exploitation en collaboration avec les populations autochtones ; ces contrats peuvent concerner aussi bien les riverains de cours d’eau, comme les populations de la vallée au Sud de la Mauritanie, ou celles vivant dans le voisinage de bassins miniers, comme les populations du Nord ![]() L’enjeu ici, consiste à privilégier une gestion concertée de l’espace naturel par les autochtones, pour le soustraire à la multitude de comportements individuels venus d’ailleurs, amplifiés et justifiés par la conception libérale dominante du droit de propriété, suffisamment illustrée par la règle : « La terre appartient à ceux qui la mettent en valeur » qui, en la matière, est la source à laquelle s’abreuvent les législations foncières dont la seule fonction est de titulariser les droits de spoliateurs et autres spéculateurs, attirés par l’appât du gain, sans égard pour le sort des autochtones, ni pour les bouleversements écologiques qu'entraîne l’exploitation désincarnée des terres nouvellement accaparées. Pour asseoir juridiquement la spoliation de ces espaces qui viendront accroître le patrimoine foncier de ces nouveaux envahisseurs, il suffira de constater, en conformité et en accord avec des objectifs politiques circonstanciels étrangers aux intérêts des autochtones, que ces terres sont des biens errants, sans maîtres, des « terra incognita », des biens « res nulluis ». Ce constat pourra se faire par décision administrative, selon des procédures qui ne mettent pas à contribution les autochtones, ou le sont, le pied sur la gorge, sous toutes sortes de menaces et de chantages pour les contraindre à apporter des témoignage et aveux favorables aux désidératas des nouveaux propriétaires, qui se verront alors délivrer des titres de propriété, expropriant et envoyant à la détresse, des populations entières. Ce phénomène est perceptible dans bien des pays, même s’il peut prendre ici ou là des formes diverses et variées, pays dont la Mauritanie, où plutôt que d’orienter le comportement des acteurs économiques vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement des territoires concernées (êtres vivants et milieux naturels), la législation foncière n’a fait que précipiter l’expropriation massive de certaines populations, dont celles de la vallée sous le prétexte fallacieux de la mise en place d’une industrie agro-pastorale, engendrant de la sorte, une gestion catastrophique de l’espace naturel, en totale rupture avec l’intérêt vital des habitants historiques des lieux. Vladimir Ilitch Lénine, créateur de la Russie soviétique, aurait déclaré que la meilleure manière de détruire le système capitaliste est de s’attaquer à sa monnaie….Revenant sur cette réflexion, l’économiste anglais de réputation planétaire, John Maynard Keynes allait la généraliser en ces termes : « Il n’y a pas de manière plus subtile, plus sûre et plus discrète de renverser l’ordre existant de la société que de vicier sa monnaie » ; on peut, sans verser dans une métaphore excessive, affirmer qu’il n’y a pas de manière plus sûre de perturber l’économie d’une région que de détruire son écosystème, et c’est précisément ce qui s’est produit dans la vallée. Toutes les attributions foncières et expropriations subséquentes doivent être annulées, pour permettre aux populations historiques de cette région, de retrouver en pleine propriété, les biens dont elles ont été spoliées, car les décisions prises à l’effet de transférer ces biens à de nouveaux arrivants, et d’en expulser les propriétaires originaux, l’ont été en toute illégalité, s’agissant d’actes insusceptibles d’être rattachées à un pouvoir de l’administration. C’est de cette manière, et seulement de celle-ci, qu’on rendra à l’agriculture sa fonction sociale et environnementale, et qu’on pourra valablement l’intégrer dans une économie circulaire, au mieux des intérêts de la préservation de l’écosystème et du bien-être des populations locales, se traduisant de diverses manières, y compris l’amélioration de l’emploi, grâce à une combinaison moins conflictuelle, et plus harmonieuse des facteurs de production, dont le plus important et le plus déterminant, reste la terre. La fonction purement mercantile que l’on veut donner à la politique agricole , si tant est que cet objectif puisse être atteint par la dépossession et l’appauvrissement des populations locales, ne permettra jamais un développement durable, ni même viable, et aura une portée plus perturbatrice que régulatrice. On retrouve le même phénomène en d’autres endroits de la Mauritanie, et de manière visible, au Nord où l’exploitation par cyanuration de gisements aurifères est en train de conduire à un véritable bouleversement écologique, après celui constaté dans l’Inchiri, où autochtones et bétail sont désormais en danger imminent et permanent, exposés qu’il sont à des techniques d’extraction incompatibles avec la préservation de l’écosystème. Les populations et collectivités locales doivent être associées à la gestion de leur territoire, conformément au principe 22 de la Conférence des Nations Unies, sur l’environnement et le développement qui énonce en termes clairs que : « les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement, du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable », et dans la même veine, on peut valablement évoquer le principe 12, aux termes duquel, « Les mesures de politique commerciale motivées par des considérations relatives à l'environnement ne devraient pas constituer un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable ». On devrait désormais privilégier une gestion concertée des espaces naturels avec les populations autochtones, et ne plus se laisser séduire par les slogans publicitaires de certains spéculateurs ( qui ne sont pas des investisseurs, et la nuance est de taille), avides du sang des populations locales, dont ils se gavent de manière indécente et immodérée, moyennant des royalties qui ne permettent même pas de garantir aux victimes écologiques de leurs abus, les soins de santé primaires, et c’est là tout le sens de la solidarité écologique énoncée sous forme de principe général du droit de l’environnement, recommandant la prise en compte dans toute décision publique ayant une incidence notable sur le territoires concernés, des interactions des écosystèmes des êtres vivants, et des milieux naturels, ou aménagés. Proclamer sous forme de règle impérative que la terre appartient à celui qui la met en valeur, revient à exclure du droit d’accès à la propriété tous ceux qui ne disposent pas de moyens financiers leur permettant de satisfaire à cette exigence préalable et conditionnelle que l’on donne de manière arbitraire, à la « mise en valeur ». D’ailleurs, ceux qui disposent de moyens financiers ne sont pas toujours, pour ne pas dire, ne sont jamais, les occupants de la terre qui y vivent depuis plusieurs générations, et dont la propriété devrait leur revenir par la voie de la prescription acquisitive, même si leur mode d’exploitation peut paraître rudimentaire, et parfois même, inaccessible à la perception qu’ont les économistes de la notion de mise en valeur ; un autochtone qui pratique une culture vivrière est à l’abri des chocs monétaires, puisqu’il exerce une activité séculaire dont le caractère répétitif lui a toujours permis au fil des siècles, et depuis la nuit des temps, de subvenir à ses besoins, de conserver le surplus dans des greniers affectés à cet effet, et d’en écouler de temps à autre, sous forme de monnaie- marchandise, une portion pour se procurer les biens de consommation qui lui font défaut. C’est donc autour de l’échange que s'articulent ces économies, avec comme seule exigence pour la fluidité des trocs, une double coïncidence des besoins qui régule la valeur des biens échangés. Il va de soi que cet agriculteur qui exerce son activité sur un espace déterminé depuis des générations, devrait être propriétaire de cet espace par la voie légale de la prescription acquisitive, sans qu’on ne puisse lui opposer la difficulté, voire l’impossibilité d’accéder à des capitaux afin de passer d’une exploitation vivrière à une autre de nature industrielle, pour avoir le droit de se maintenir sur les lieux ou, à défaut, en déguerpir au bénéfice d’un nouvel arrivant, armé jusqu’aux dents des biens de la collectivité publique dont il dispose grâce à son accès illimité aux fonds du crédit agricole qu’il ne remboursera jamais ; on a vu comment des fortunes ont été amassées par ces gens-là qui s’endettent à coups de milliards auprès de ce fonds créé pour la circonstance, et qui chaque année, voient leurs créances annulées, puis se font accorder de nouveaux crédits, ce processus se répétant à l’infini. Ce sont ces gens-là, enrichis en toute illégalité à coups de revenus de transfert, car très vite inscrits dans la rubrique pertes et profits, qui viennent exproprier les paisibles agriculteurs de la vallée, pour faire de leurs terres des ranchs et des lieux de villégiature. Le même raisonnement est valable pour le pêcheur de la vallée dont l’activité n’est que le prolongement de son existence sur des espaces contiguës à ses parcours de pêche côtière ; demander à un tel autochtone de s’endetter afin de créer sur terre des pêcheries, pour justifier de la sorte son droit d’accès à la propriété au sol, revient à le pousser au suicide. Toutes ces populations sont privées de leur espace vital, et sont de la sorte conduites à de véritables déchirements, après les dénuements dont elles sont victimes. Il faut laisser la terre à ceux qui, traditionnellement en sont les occupants, et les faire bénéficier prioritairement et de manière exclusive de toutes les facilités que l’Etat est susceptible de mettre à la disposition de sa politique agricole, y compris l’assistance technique et l’accès au crédit, pour leur permettre de se maintenir sur les lieux, en fonction de leur mode de vie traditionnel, où la gestion partagée des espaces de vie, en harmonie avec l’environnement, prévaut sur le mode d’exploitation individuel ; certes, on ne peut exclure l’évolution de leur mode de production vers une marchandisation, mais qu’on leur laisse le temps et qu’on leur donne les moyens d’y accéder selon leur rythme, en toute normalité, loin de toutes contraintes déstabilisatrices ; les incitations économiques reposant exclusivement et aveuglément sur des mécanismes de marché, ne sont jamais compatibles avec les intérêts écologiques des autochtones, qui doivent primer sur ceux de nouveaux rentiers et spéculateurs de tous bords . (à suivre). ![]() Un article proposé par AMR sur Jeune Afrique. Implantée depuis 6 ans dans la Préfecture de Boké en République de Guinée, la société minière Alliance Minière Responsable (AMR), dès la phase exploration, a tissé une relation de proximité avec les communautés riveraines de son projet de bauxite. Maintenant en pleine phase d’exploitation, le développement local fait partie intégrante des activités d’AMR et la société prépare dès à présent la période d’après mines pour les communautés. De l’exploration à la production, avec les communautés La société AMR, fondée par Romain Girbal et Thibault Launay, possède un permis d’exploitation de 150 km2. Avant même de débuter les travaux d’exploration, la première étude entreprise sur ce permis fut la réalisation d’une Notice d’impact environnemental et social pour identifier toute zone vulnérable et cartographier les parties prenantes inscrites dans le territoire. Les plans et modalités de forage ont ainsi été définis en fonction de ces zones sensibles et les communautés systématiquement consultées, avant, pendant et après chaque travaux, et participaient à ces travaux dès que possible. La phase de développement du projet s’est accompagnée d’une Etude d’impact environnemental et social approfondie, qui s’est construite conjointement aux études de faisabilité technico-économiques. Cette étude, régulièrement actualisée, s’est initialement basée sur un plan industriel préalable qui lui même a progressivement été ajusté en intégrant le contexte territorial physique et humain. Le projet AMR est entré en production en janvier 2018, à la faveur d’un contrat d’amodiation signé avec la Société Minière de Boké. Les équipes environnementales et sociales des deux sociétés se sont associées et ont été renforcées en vue d’assurer un suivi environnemental et social quotidien, notamment auprès des communautés. Ce suivi s’est immédiatement manifesté par des actions visant l’amélioration des infrastructures de base telles que l’adduction d’eau (37 forages et puits réalisés depuis 2018) et le reprofilage de pistes rurales (15 km de pistes réhabilitées et 5 km supplémentaires en projet), en réponse aux besoins et souhaits formulés par les communautés lors des consultations. Vers un développement local autonome Outre ce soutien logistique, l’intégration des communautés au projet AMR passe par la mise en œuvre d’une stratégie de développement local visant à activer le potentiel développement du territoire sous-jacent à l’activité minière. C’est dans ce contexte qu’ont été soutenus des projets générateurs de revenus capables d’être gérés de manière autonome et indépendante de l’exploitation minière. 2 types de leviers ont ainsi été activés : l’artisanat local et le maraichage. Parmi les initiatives dans le domaine de l’artisanat, AMR a équipé 4 villages de plateformes multifonctionnelles, consistant en un assemblage de moteurs et de modules électromécaniques pour le décorticage, la minoterie, la soudure, la fourniture d’électricité. L’initiative la plus récente fut la création d’un centre de couture, inauguré le 7 mars 2021, dans le district de Guilléré (2 300 habitants). Les locaux, occupant une parcelle de 325 m2, sont installés dans un nouveau bâtiment de 67 m2 ouvert sur la rue principale et pouvant accueillir jusqu’à 25 apprenti(e)s. Ils sont équipés de 10 machines à coudre et d’un grand espace dédié à la création, à la formation et à la commercialisation. Les groupements bénéficiaires ont tous été formés à la vie associative, à la bonne gouvernance, à la gestion et à la commercialisation, et bénéficient d’un suivi régulier des équipes d’AMR, expertes en développement local. Grace à cet appui, les nombreux artisans habitant dans les villages riverains du permis minier d’AMR, couturiers, soudeurs, menuisiers, disposent désormais de moyens matériels et d’infrastructure pour développer pleinement leur profession et former une nouvelle génération à ces métiers. La région de Boké possède un très riche potentiel maraicher, cependant non optimisé (resté majoritairement à un stade de subsistance), faute d’équipements adaptés, de connaissances techniques, de chaine commerciale. Pour dynamiser ce potentiel, 4 aires de maraichage ont ainsi été aménagées produisant actuellement tomates, piments, aubergines, gombo, ananas … et commercialisés dans les marchés des grandes villes de la région en générant des revenus au moins trois fois supérieurs à ceux issus de la production antérieure. Le soutien d’AMR a permis aux groupements bénéficiaires de disposer d’équipements, de connaissances dans les techniques agricoles modernes et éco-responsables, et de gérer leurs domaines de manière profitable et pérenne. Au delà de leurs retours directs (augmentation des revenus, amélioration de la qualité de vie), ces initiatives soutenues par AMR auprès des communautés riveraines apportent de nombreuses dynamiques, à commencer par leur contribution au développement économique et social local indépendamment de l’activité minière elle-même. Elles confèrent aux communautés une responsabilité sociale et économique et induisent un apprentissage à l’autonomisation puisque les infrastructures et les équipements sont gérés et entretenus par les communautés elles mêmes. Forts de leur succès ces projets encouragent la création, l’entreprenariat, et le développement d’autres activités dans tout le territoire. Ces activités sauront de plus perdurer dans la période d’après mine, phase essentielle à laquelle tout projet minier responsable se doit d’être préparé. « NOUS SOMMES TRÈS HEUREUX DE POUVOIR PARTICIPER AU DÉVELOPPEMENT DURABLE DE LA VIE DES COMMUNAUTÉS DE BOKÉ. NOTRE COLLABORATION AVEC CES COMMUNAUTÉS A POUR OBJECTIF, ENTRE AUTRES, DE LES SOUTENIR DANS LEURS INITIATIVES ENTREPRENEURIALES PERMETTANT DE DYNAMISER LEUR POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT ET GÉNÉRER DES REVENUS SUR LE LONG TERME. » (Romain Girbal, PDG d’AMR) ![]() (Agence Ecofin) - Face au coût des matériaux de construction et aux problèmes de pollution plastique en Mauritanie, Aminatou Sy et Asse Malik Alioun Niang ont fondé Daaddo Vdp, entreprise spécialisée dans le recyclage du plastique en briques et pavés écologiques. Leur initiative contribue à l’assainissement urbain. Les grandes agglomérations des pays d’Afrique subsaharienne font généralement face au problème d’insalubrité et de pollution aux déchets plastiques, retrouvés dans les recoins des ruelles. À Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, la micro-industrie Daaddo Vdp a décidé de s'attaquer à ce fléau. Fondée par les entrepreneurs Aminatou Sy et Asse Malik Alioun Niang, Daaddo Vdp est spécialisée dans collecte et la transformation des déchets plastiques en matériaux de construction écologique. L’entreprise fabrique pavés, briques et autobloquants à partir de cette matière, avec pour objectif de proposer une alternative écologique et peu coûteuse aux matériaux de construction courants. Dans leur atelier, ils travaillent avec une jeune équipe qui s’attèle à laver, traiter puis broyer le plastique. La matière obtenue est ensuite utilisée pour fabriquer les matériaux de construction. Outre son action importante en faveur de l’assainissement de l’environnement urbain, l’initiative contribue à créer de l’emploi au sein de la jeunesse du pays. À l’avenir, les 2 fondateurs ambitionnent d’atteindre une capacité de production mensuelle de 10 000 briques et de 1 500 m2 de pavés écologiques. Daaddo Vdp vient d’être sélectionnée lors du sommet virtuel des 2 Rives qui s’est tenu du 27 au 29 novembre, pour participer au programme Emerging Mediterranean, destiné aux entrepreneurs à forts impacts sociaux et environnementaux de la méditerranée. Aïsha Moyouzame Ces jeunes mauritaniens transforment les déchets plastiques en matériau de construction (agenceecofin.com) |
Bouquet de
|