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Nouvelles

Le droit de l’environnement au cœur de la santé environnementale (8) Par maître Taleb Khyar *

10/15/2021

 
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Taleb Khyar Mohamed -
*Avocat à la Cour.
*Ancien membre du Conseil de l’Ordre.
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​Il ne faut pas perdre de vue que les populations sahéliennes du bassin du fleuve Sénégal exploitent certes, une agriculture pluviale et de subsistance, mais qui, bon an mal an, occupe les 3/4 de la population active et représente 30% du revenu moyen des riverains. 
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Il faut également avoir à l’esprit l’apport de l’élevage transhumant qui permet à la Mauritanie de jouer un rôle prépondérant dans l’économie sous régionale, or l’exploitation du mégaprojet mauritano-sénégalais, est en soi une cause immédiate de dégradation des zones agro-pastorales, cause de dégradation qui viendra s’ajouter à celle déjà constatée des conditions hydro climatiques fortement propices à la salinisation avancée de cette partie du bassin que nous avons en commun avec le Sénégal. 

​Comme nous avons en commun ce projet qui va déboucher à terme sur une véritable destruction de l’écosystème, un bouleversement écologique majeur et de grande envergure, exposant au dénuement total les populations sahéliennes du bassin, que celles-ci soient situées de ce côté-ci du fleuve, ou de l’autre côté.
Cette hypothèse n’a rien d’anecdotique, rien de fantaisiste non plus ; on peut même affirmer qu’il s’agira de revivre les conséquences de la sécheresse des années soixante-dix (70), mais dans un environnement plus hostile, car les populations seront cette fois-ci enfermées dans leurs espaces de vie qui deviendront de véritables camps de réfugiés, des ghettos, en attente de dons en provenance de personnes charitables, ou d’institutions caritatives pour surmonter leur détresse, ou survivre à leur calvaire ; ce sont en effet quatre millions de personnes, conformément aux projections, qui se verront privées de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture de subsistance, autant d’activités qui ont permis à leurs ancêtres de traverser des siècles en toute quiétude.

On peut difficilement imaginer que le projet dont la réalisation est envisagée puisse valablement suppléer à ce mode de vie qui garantit un équilibre des relations marchandes intra-communautaires (pêcheurs, éleveurs, cultivateurs), procure subsistance et favorise une coexistence harmonieuse avec l’environnement ; se retrouver à terme avec une demi-dizaine de millions de bouches sans nourriture, sans emplois, sans abris, ne va pas se résoudre grâce à des acrobaties budgétaires à la limite de la légalité, pompeusement qualifiées d’arguments macro-économiques, et ce ne sont certainement pas les rentiers du mégaprojet qui viendront au secours des populations déracinées, dont les repères auront été gommés d’ici là.

Une chose est certaine ; avec ce mégaprojet, on s’éloigne des objectifs premiers de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) que sont le développement de l’agriculture irriguée, la production d’énergie et la navigation.

Ce mégaprojet ne répond pas non plus, aux objectifs de développement durable proclamés dans la Charte des eaux du fleuve Sénégal, à laquelle la Mauritanie est partie prenante, à côté de la Guinée, du Mali et du Sénégal , charte qui prévoit l’intégration de la dimension de l’environnement dans la gestion de la ressource, et le maintien durable des conditions écologiques favorables dans le bassin du fleuve ; ce texte permet en outre de s’interroger sur la qualité des parties au mégaprojet, pour apprécier à elles-seules, sans égard pour les autres concernées dont la Guinée, le Mali, mais aussi les populations riveraines, la menace que constitue l’activité du mégaprojet sur la sécurité alimentaire, et la lutte pour la réduction de la pauvreté.

La sécurité alimentaire, c’est d’abord et avant tout , la préservation de l’écosystème, et si la sécheresse des années soixante-dix (70) a plongé dans la précarité des centaines de milliers de familles, qui sont venues s’agglutiner autour des grandes villes, comme Nouakchott et Nouadhibou, y créant des zones de non-droit largement tolérées ou plutôt subies par les pouvoirs publics, au détriment d’une urbanisation contrôlée, ce scénario ne risque pas de se répéter avec la pollution inéluctable des eaux du fleuve Sénégal sous l’effet de ce mégaprojet , car cette fois-ci, la possibilité d’absorption de l’exode par les villes aura atteint ses limites , et ces populations seront donc des réfugiées sur leur propre territoire, enfermées dans des camps, pour ne pas dire des mouroirs ; on pourra alors valablement parler de réfugiés climatiques, comme d’ailleurs ce fût le cas dans les année soixante-dix (70) lorsqu’on assista à un véritable déferlement des populations rurales venant occuper sauvagement les villes ; il s’agissait déjà de réfugiés climatiques, mais que l’on dissimulait sous le vocable « exode rurale », pour se faire bonne conscience.

Les réfugiés climatiques, il y en a désormais au Nord de la Mauritanie, où les populations de Taziast et de l’Inchiri, fortement attachées à leur cheptel, composé exclusivement de camelins, et qu’elles voient se décimer sous leurs yeux à cause des émanations de cyanure, se trouvent obligées de migrer vers d’autres espaces plus cléments qui, bien souvent se situent à des centaines de kilomètres de leurs terres traditionnelles de parcours, ce qui est non seulement porteur d’hostilités et de conflits avec les tribus dominantes dans ces nouveaux espaces, mais provoquent également chez le cheptel, un stress affectant gravement sa santé, la qualité de sa viande et de son lait, du fait de la difficulté qu’éprouvent les « bêtes » à s’intégrer dans cet espace jusque-là inconnu ; une partie de ce cheptel finit toujours par se soustraire à la vigilance des bergers, choisissant délibérément , mais de manière volontaire, irrémédiable, et planifiée, de retourner vers ses terres d’origine, préférant y succomber sous l’effet des émanations de cyanure, que d’errer en terre inconnue, à la recherche de pâturages hypothétiques.

Toujours au Nord, mais cette fois en plein milieu urbain à Zoueirat, l’atteinte à l’environnement mobilise les populations contre la floraison d’usines de broyage et de concassage en plein centre de la ville, utilisant des produits toxiques d’une dangerosité gravissime pour les populations , et il faut se féliciter que la justice se soit enfin saisie pour la première fois d’un problème à caractère environnemental, ordonnant l’arrêt des activités des usines de concassage et de broyage, même si la Cour suprême est intervenue pour ordonner le sursis à une telle décision pourtant confirmée en appel à Nouadhibou.

Il faut souhaiter que la Cour suprême prenne la mesure de la place qu’est appelé à occuper le droit de l’environnement dans les législations et les pratiques des cours et tribunaux, et trouver le moyen d’affecter à cet effet un budget de formation pour les magistrats de cette haute juridiction afin de les familiariser avec cette discipline d’une actualité brûlante, et qui le sera davantage dans les années à venir.

L’intérêt d’une telle formation est de familiariser les apprenants, comme dans aucune autre discipline en droit, avec la dimension internationale du droit de l’environnement due aux effets globaux des catastrophes environnementales, qui s’étendent bien au-delà des frontières géographiques des Etats, outre une meilleure compréhension des grandes problématiques environnementales actuelles, telles le réchauffement climatique, les atteintes à la biodiversité, la pollution des océans…..qui ne peuvent se contenter d’approches strictement nationales. Les apprenants acquerront également une culture pluridisciplinaire, leur permettant de se familiariser avec le rôle des mouvements associatifs dans la préservation de l’écosystème qui devient un enjeu de développement et de santé publique ; nos magistrats pourront alors mieux comprendre, et tolérer avec plus de prédispositions favorables, la présence de la société civile dans les prétoires pour la défense des écosystèmes.

Après cette brève digression, revenons au vif du sujet, concernant les usines de broyage et de concassage, afin de souligner qu’il suffit pour en apprécier le danger, de se représenter les incidences des poussières en provenance de telles activités sur les êtres humains : réduction de l’espérance de vie, hausse de la morbidité, inflammation des voies respiratoires, maladies cardio-vasculaires, facilités de contagion dues aux taux élevés de concentration du virus de la grippe dans l’atmosphère. On retrouve des effets identiques sur la faune. Il est de l’ordre du naturel des choses que la population de Zouerate se trouve désormais exposée de manière grave, et imminente à l’apparition de maladies nouvelles jusque- là inconnues avec leurs lots de morts suspectes, et de naissances avec malformations……(à suivre).

Le droit de l’environnement au cœur de la santé environnementale (7)

8/22/2021

 
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Par maître Taleb Khyar o/ Mohamed Mouloud -
Le droit de l’environnement au cœur de la santé environnementale (7) Par maître Taleb Khyar * (cridem.org)
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​Des pluies diluviennes, des torrents de boue, des incendies ravageant des centaines de milliers d’hectares, des tempêtes de sable qui ensevelissent des villes entières, des poumons verts de régions entières calcinés……

On serait tenté de croire que cela n’arrive qu’aux autres, et que nous qui ne nous trouvons ni en Asie, ni dans le pourtour méditerranéen où ces retournements de la nature sont signalés, sommes épargnés, à l’abri de ce que vit la Grèce, de ce que vit l’Italie, de ce que vivent la Chine, l’Espagne, la Turquie, la Tunisie…..

Grande illusion ! Les cataclysmes qui s’intensifient et se multiplient, échappent à toutes les prévisions météorologiques, et autres modélisations élaborées à renfort d’algorithmes présentés pourtant comme étant d’une grande précision; aussi est-il légitime de croire que les pays côtiers de l’océan atlantique, sont désormais à portée de main des ouragans dévastateurs, des incendies ravageurs, et de bouleversements écologiques majeurs.

Il suffit de constater que de l’autre côté de la rive de l’océan atlantique, juste en face de la Mauritanie, à quelques encablures, la grande Amérique, dont la marge croissante de développement se compte en années-lumière par rapport au reste du monde, est impuissante à contenir les déchaînements de la nature, alors que de ce côté-ci de l’atlantique, une mince barrière de sable mouvant semble tenir tête vaillamment, mais de manière de plus en plus pénible, et comme dans un sursaut de résistance dérisoire, aux assauts incessants et continus de la mer ; que cette muraille de sable est quotidiennement affaiblie, fragilisée par les promoteurs immobiliers, qui n’ont d’égard et d’intérêt que pour l’enrichissement que leur procure le prolongement naturel de ce fragile et frêle cordon dunaire qu’ils ne cessent de ronger pour la réalisation de leur funeste dessein ; l’enrichissement à tout prix, sans égard pour la vie d’autrui ; un enrichissement qui crée de la pauvreté, de la désolation, de la détresse.

S’enrichir en appauvrissant autrui, s’enrichir en créant de la pauvreté, s’enrichir sans cause ! C’est l’exception mauritanienne ; le sport favori auquel tous les mauritaniens s’adonnent avec délectation, se faire du « grisbi » à en perdre l’âme ; or accroitre son revenu sans créer de la richesse, revient mécaniquement à appauvrir autrui.

Cet autrui, ce peut être vous, moi, quelqu’un d’autre, une personne morale de droit privé, de droit public, et de manière générale tous ceux qui détiennent des biens , qui disposent d’un patrimoine, et comme à la tête des argentiers, il y a l’Etat, alors il faut appauvrir l’Etat en provoquant par toutes sortes d’artifices budgétaires et financiers la distribution de revenus de transfert que l’on va par la suite s’approprier grâce à des techniques de captation dont les mauritaniens ont la science, puis à l’Etat succèdent les porteurs privés de capitaux ; il faut également les appauvrir en les donnant en pâture à une délinquance en col blanc qui a réussi, en se payant des lois, à contribuer à l’émergence d’une justice laxiste, impuissante désormais à restituer à la victime ses droits, et à punir les auteurs de comportements attentatoires à la sécurité des biens et des personnes.

L’enrichissement accroît la consommation, et donc tracte les prix vers le haut en créant une inflation qui demeure non maîtrisée, aussi longtemps que les mécanismes propres au marché qui jouent le rôle de régulateurs n’en atténuent les effets ; alors les prix s’envolent dans des proportions variables à l’augmentation des revenus, mais lorsque ces revenus sont dus à des flux monétaires sans contrepartie, l’inflation devient toxique.

Cette approche n’a rien d’anecdotique, même s’il peut sembler paradoxal que la croissance de la consommation soit contreproductive, contrairement à la perception qu’en ont les courants économiques dominants, particulièrement ceux d’obédience keynésienne, mais lorsque la consommation est due à un accroissement de revenus qui ne correspondent à aucune prestation, ni aucun service, ni aucun bien échangé, alors cette consommation devient toxique ; elle crée de l’inflation plutôt qu’elle ne provoque de la croissance ; il s’agit en effet d’une consommation qui produit des effets identiques à ceux que sécrètent les milliards des barons de la drogue, dont on connaît la perversité.

Certes, en Mauritanie, ce sont des milliards dont l’origine n’est pas dans le trafic de drogue, mais des milliards tout de même, qui se baladent sous forme de revenus sans contrepartie, des milliards pour combattre la covid, que l’on pouvait investir dans la formation paramédicale accélérée et l’acquisition de matériels sanitaires, d’autres milliards distribués à vau-l’eau, sous forme de filets sociaux alors qu’on pouvait les utiliser pour renforcer les prestations de la caisse de sécurité sociale, et parfaire de la sorte durablement une meilleure prise en charge des soins des travailleurs et de leurs familles ; ce serait là un véritable combat contre la pauvreté, et pour une meilleure qualité de vie de la main d’œuvre nationale ; le milliard distribué pour secourir le tourisme alors qu’on peut difficilement croire qu’un tel secteur soit secourable en cette période de pandémie, encore que la procédure adoptée pour débloquer ce fonds soit des plus opaques, comme cela a été soulevé par les principaux acteurs du secteur.

On ne saurait clore ce chapitre sur l’enrichissement sans cause, avant d’évoquer le haut lieu, le temple de l’inflation qu’est « Taazour », défini par son texte de création comme étant « une administration de mission publique » et qui joue un rôle prépondérant , pour ne pas dire de premier ordre, dans l’impuissance structurelle de la Mauritanie à rembourser sa dette, du fait des subventions du budget de l’Etat, dont cette institution bénéficie, et qui sont ces principales ressources, à côté de celles rétrocédées dans le cadre de conventions de financement, outre les fonds qui lui sont apportés par des personnes morales publiques.

Les milliards de Taazour et d’autres institutions auraient dû servir à créer de la connaissance, de l’emploi et de la santé, plutôt que de générer un enrichissement factice, dont la contrepartie est l’accroissement des charges publiques, à côté d’un endettement qui hypothèque toute velléité de développement.

L’intention qui est à la base de la distribution de tous ces milliards n’est pas dénuée de bonne foi, mais elle relève d’une méconnaissance totale des mécanismes du marché, comme elle fabrique de l’inflation à chaque coin de rue.

L’enrichissement qui crée de la pauvreté, on le trouve également dans d’autres pratiques, comme lorsqu’on dépénalise le chèque sans provision, pour éviter que certains émetteurs de ces instruments de paiement, en déboire avec la justice, ne soient punis, appauvrissant de la sorte les honnêtes gens au bénéfice de délinquants notoires ; comme lorsque l’on supprime la contrainte par corps du corpus juridique pour empêcher que notre « Madoff » national ne soit astreint à cette mesure qui l’aurait sans doute convaincu de réparer le préjudice subi par ses victimes au détriment desquelles il s’est enrichi, alors que des centaines de mères de famille propriétaires, se sont appauvries du fait de leur expropriation , en toute illégalité et de manière violente de leurs biens immobiliers ; pour un comportement identique sous d’autres cieux, où le patrimoine comme tous les autres attributs de la personne humaine, liberté et droits civiques, sont protégés, l’auteur d’une escroquerie similaire a été condamné à 150 ans de prison ; cela veut dire que le droit à la protection des biens et des personnes, bien que garanti par la constitution mauritanienne, reste une fiction, un mythe.

C’est pourtant autour de ce droit à la protection et d’un autre droit, non moins important, le droit à la vie, à côté du droit à un développement durable, que s’articule le devoir de préservation de l’environnement, et il faudra bien que nos dirigeants en prennent conscience, qu’ils sachent qu’ils sont débiteurs de ces droits envers toute personne qui se trouve sur le sol mauritanien, sans égard pour sa nationalité , et qu’à défaut d’y prendre garde, ils vont précipiter la perte de ce pays, dont le corps pensant est acquis, subjugué, sous le charme de toutes sortes de théories rétrogrades et mercantiles véhiculées par des multinationales dont la seule valeur est la capture du profit au détriment d’investissements productifs, qui n’ont cure ni pour la santé des populations, ni pour la préservation des écosystèmes dans lesquelles elles évoluent, et qui n’ont d’yeux que pour le profit, le profit, et seulement le profit.

A côté de nous, chez nos voisins du Sénégal, les populations se mobilisent pour dénoncer le méga projet gazier que les deux pays frontaliers (Sénégal et Mauritanie) s’apprêtent à réaliser de manière conjointe, sans que les populations riveraines n’aient été de quelque manière que ce soit, consultées , alors qu’il s’agit d’un projet pouvant dégrader de manière irréversible l’environnement, et remettre en cause les intérêts des communautés riveraines, dont la principale ressource est celle que leur procure le fleuve Sénégal, que cette ressource soit à caractère agro-pastorale, ou qu’elle soit liée à la pêche.

On ne cesse de chanter les bienfaits de ce mégaprojet, bien qu’il soit porteur de menaces stratégiques pour la souveraineté nationale des deux pays, comme il menace à terme les rapports d’amitié et de fraternité qu’entretiennent les deux Etats, et qui vont très vite se dégrader avant d’aller grossir le contentieux international fourni des conflits de voisinage dont la charge identitaire n’est jamais négligeable, alors même que par le passé, le Sénégal et la Mauritanie ont été incapables à résoudre de manière consensuelle, comme l’auraient fait des nations civilisées, le conflit intervenu en 1989.

Les populations riveraines du fleuve Sénégal, de ce côté-ci comme de l’autre côté de la rive, ont toujours vécu en bonne harmonie des siècles durant, jusqu’au jour où des bouleversements écologiques, suite à la sécheresse persistante des années 70, se sont traduits par une invasion des champs de paisibles agriculteurs de la vallée par des éleveurs venus de nulle part, débouchant sur des conflits intercommunautaires que les Etats voisins ont été impuissants à résoudre, ou qu’ils ont même envenimé ; alors comment ces Etats vont-ils se comporter lorsque cette fois-ci, le bouleversement écologique résulte de leur propre initiative, et qu’il faille libérer des espaces pour l’installation du mégaprojet et de ses annexes, ici ou là, ici et là, selon les caprices du management ?

Va-t-on parquer ces populations dans des camps de réfugiés ? Va-t-on les exproprier à nouveau ? N’ayant été associées à aucune étude environnementale, en rapport avec ce mégaprojet, ces populations s’exposent à un danger imminent dont elles ignorent tout….(A suivre)

*Avocat à la Cour.

*Ancien membre du Conseil de l’Ordre

Le droit de l’environnement au cœur de la santé environnementale

7/23/2021

 
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Par maître Taleb Khyar Mohamed, 
Avocat à la Cour de Mauritanie 
Ancien membre du Conseil de l’Ordre. ​

​L’implication des collectivités décentralisées devrait conduire à l’élaboration de contrats territoriaux d’exploitation en collaboration avec les populations autochtones ; ces contrats peuvent concerner aussi bien les riverains de cours d’eau, comme les populations de la vallée au Sud de la Mauritanie, ou celles vivant dans le voisinage de bassins miniers, comme les populations du Nord


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L’enjeu ici, consiste à privilégier une gestion concertée de l’espace naturel par les autochtones, pour le soustraire à la multitude de comportements individuels venus d’ailleurs, amplifiés et justifiés par la conception libérale dominante du droit de propriété, suffisamment illustrée par la règle : 

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« La terre appartient à ceux qui la mettent en valeur » qui, en la matière, est la source à laquelle s’abreuvent les législations foncières dont la seule fonction est de titulariser les droits de spoliateurs et autres spéculateurs, attirés par l’appât du gain, sans égard pour le sort des autochtones, ni pour les bouleversements écologiques qu'entraîne l’exploitation désincarnée des terres nouvellement accaparées.

Pour asseoir juridiquement la spoliation de ces espaces qui viendront accroître le patrimoine foncier de ces nouveaux envahisseurs, il suffira de constater, en conformité et en accord avec des objectifs politiques circonstanciels étrangers aux intérêts des autochtones, que ces terres sont des biens errants, sans maîtres, des « terra incognita », des biens « res nulluis ».

Ce constat pourra se faire par décision administrative, selon des procédures qui ne mettent pas à contribution les autochtones, ou le sont, le pied sur la gorge, sous toutes sortes de menaces et de chantages pour les contraindre à apporter des témoignage et aveux favorables aux désidératas des nouveaux propriétaires, qui se verront alors délivrer des titres de propriété, expropriant et envoyant à la détresse, des populations entières.

Ce phénomène est perceptible dans bien des pays, même s’il peut prendre ici ou là des formes diverses et variées, pays dont la Mauritanie, où plutôt que d’orienter le comportement des acteurs économiques vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement des territoires concernées (êtres vivants et milieux naturels), la législation foncière n’a fait que précipiter l’expropriation massive de certaines populations, dont celles de la vallée sous le prétexte fallacieux de la mise en place d’une industrie agro-pastorale, engendrant de la sorte, une gestion catastrophique de l’espace naturel, en totale rupture avec l’intérêt vital des habitants historiques des lieux.

Vladimir Ilitch Lénine, créateur de la Russie soviétique, aurait déclaré que la meilleure manière de détruire le système capitaliste est de s’attaquer à sa monnaie….Revenant sur cette réflexion, l’économiste anglais de réputation planétaire, John Maynard Keynes allait la généraliser en ces termes : « Il n’y a pas de manière plus subtile, plus sûre et plus discrète de renverser l’ordre existant de la société que de vicier sa monnaie » ; on peut, sans verser dans une métaphore excessive, affirmer qu’il n’y a pas de manière plus sûre de perturber l’économie d’une région que de détruire son écosystème, et c’est précisément ce qui s’est produit dans la vallée.

Toutes les attributions foncières et expropriations subséquentes doivent être annulées, pour permettre aux populations historiques de cette région, de retrouver en pleine propriété, les biens dont elles ont été spoliées, car les décisions prises à l’effet de transférer ces biens à de nouveaux arrivants, et d’en expulser les propriétaires originaux, l’ont été en toute illégalité, s’agissant d’actes insusceptibles d’être rattachées à un pouvoir de l’administration. C’est de cette manière, et seulement de celle-ci, qu’on rendra à l’agriculture sa fonction sociale et environnementale, et qu’on pourra valablement l’intégrer dans une économie circulaire, au mieux des intérêts de la préservation de l’écosystème et du bien-être des populations locales, se traduisant de diverses manières, y compris l’amélioration de l’emploi, grâce à une combinaison moins conflictuelle, et plus harmonieuse des facteurs de production, dont le plus important et le plus déterminant, reste la terre.

La fonction purement mercantile que l’on veut donner à la politique agricole , si tant est que cet objectif puisse être atteint par la dépossession et l’appauvrissement des populations locales, ne permettra jamais un développement durable, ni même viable, et aura une portée plus perturbatrice que régulatrice.

On retrouve le même phénomène en d’autres endroits de la Mauritanie, et de manière visible, au Nord où l’exploitation par cyanuration de gisements aurifères est en train de conduire à un véritable bouleversement écologique, après celui constaté dans l’Inchiri, où autochtones et bétail sont désormais en danger imminent et permanent, exposés qu’il sont à des techniques d’extraction incompatibles avec la préservation de l’écosystème.

Les populations et collectivités locales doivent être associées à la gestion de leur territoire, conformément au principe 22 de la Conférence des Nations Unies, sur l’environnement et le développement qui énonce en termes clairs que : « les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement, du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable », et dans la même veine, on peut valablement évoquer le principe 12, aux termes duquel, « Les mesures de politique commerciale motivées par des considérations relatives à l'environnement ne devraient pas constituer un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable ».

On devrait désormais privilégier une gestion concertée des espaces naturels avec les populations autochtones, et ne plus se laisser séduire par les slogans publicitaires de certains spéculateurs ( qui ne sont pas des investisseurs, et la nuance est de taille), avides du sang des populations locales, dont ils se gavent de manière indécente et immodérée, moyennant des royalties qui ne permettent même pas de garantir aux victimes écologiques de leurs abus, les soins de santé primaires, et c’est là tout le sens de la solidarité écologique énoncée sous forme de principe général du droit de l’environnement, recommandant la prise en compte dans toute décision publique ayant une incidence notable sur le territoires concernés, des interactions des écosystèmes des êtres vivants, et des milieux naturels, ou aménagés.

Proclamer sous forme de règle impérative que la terre appartient à celui qui la met en valeur, revient à exclure du droit d’accès à la propriété tous ceux qui ne disposent pas de moyens financiers leur permettant de satisfaire à cette exigence préalable et conditionnelle que l’on donne de manière arbitraire, à la « mise en valeur ».
D’ailleurs, ceux qui disposent de moyens financiers ne sont pas toujours, pour ne pas dire, ne sont jamais, les occupants de la terre qui y vivent depuis plusieurs générations, et dont la propriété devrait leur revenir par la voie de la prescription acquisitive, même si leur mode d’exploitation peut paraître rudimentaire, et parfois même, inaccessible à la perception qu’ont les économistes de la notion de mise en valeur ; un autochtone qui pratique une culture vivrière est à l’abri des chocs monétaires, puisqu’il exerce une activité séculaire dont le caractère répétitif lui a toujours permis au fil des siècles, et depuis la nuit des temps, de subvenir à ses besoins, de conserver le surplus dans des greniers affectés à cet effet, et d’en écouler de temps à autre, sous forme de monnaie- marchandise, une portion pour se procurer les biens de consommation qui lui font défaut.

C’est donc autour de l’échange que s'articulent ces économies, avec comme seule exigence pour la fluidité des trocs, une double coïncidence des besoins qui régule la valeur des biens échangés.

Il va de soi que cet agriculteur qui exerce son activité sur un espace déterminé depuis des générations, devrait être propriétaire de cet espace par la voie légale de la prescription acquisitive, sans qu’on ne puisse lui opposer la difficulté, voire l’impossibilité d’accéder à des capitaux afin de passer d’une exploitation vivrière à une autre de nature industrielle, pour avoir le droit de se maintenir sur les lieux ou, à défaut, en déguerpir au bénéfice d’un nouvel arrivant, armé jusqu’aux dents des biens de la collectivité publique dont il dispose grâce à son accès illimité aux fonds du crédit agricole qu’il ne remboursera jamais ; on a vu comment des fortunes ont été amassées par ces gens-là qui s’endettent à coups de milliards auprès de ce fonds créé pour la circonstance, et qui chaque année, voient leurs créances annulées, puis se font accorder de nouveaux crédits, ce processus se répétant à l’infini. Ce sont ces gens-là, enrichis en toute illégalité à coups de revenus de transfert, car très vite inscrits dans la rubrique pertes et profits, qui viennent exproprier les paisibles agriculteurs de la vallée, pour faire de leurs terres des ranchs et des lieux de villégiature.

Le même raisonnement est valable pour le pêcheur de la vallée dont l’activité n’est que le prolongement de son existence sur des espaces contiguës à ses parcours de pêche côtière ; demander à un tel autochtone de s’endetter afin de créer sur terre des pêcheries, pour justifier de la sorte son droit d’accès à la propriété au sol, revient à le pousser au suicide.

Toutes ces populations sont privées de leur espace vital, et sont de la sorte conduites à de véritables déchirements, après les dénuements dont elles sont victimes.

Il faut laisser la terre à ceux qui, traditionnellement en sont les occupants, et les faire bénéficier prioritairement et de manière exclusive de toutes les facilités que l’Etat est susceptible de mettre à la disposition de sa politique agricole, y compris l’assistance technique et l’accès au crédit, pour leur permettre de se maintenir sur les lieux, en fonction de leur mode de vie traditionnel, où la gestion partagée des espaces de vie, en harmonie avec l’environnement, prévaut sur le mode d’exploitation individuel ; certes, on ne peut exclure l’évolution de leur mode de production vers une marchandisation, mais qu’on leur laisse le temps et qu’on leur donne les moyens d’y accéder selon leur rythme, en toute normalité, loin de toutes contraintes déstabilisatrices ; les incitations économiques reposant exclusivement et aveuglément sur des mécanismes de marché, ne sont jamais compatibles avec les intérêts écologiques des autochtones, qui doivent primer sur ceux de nouveaux rentiers et spéculateurs de tous bords . (à suivre).​

Ces jeunes mauritaniens transforment les déchets plastiques en matériaux de construction

12/1/2020

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(Agence Ecofin) - Face au coût des matériaux de construction et aux problèmes de pollution plastique en Mauritanie, Aminatou Sy et Asse Malik Alioun Niang ont fondé Daaddo Vdp, entreprise spécialisée dans le recyclage du plastique en briques et pavés écologiques. Leur initiative contribue à l’assainissement urbain.

Les grandes agglomérations des pays d’Afrique subsaharienne font généralement face au problème d’insalubrité et de pollution aux déchets plastiques, retrouvés dans les recoins des ruelles. À Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, la micro-industrie Daaddo Vdp a décidé de s'attaquer à ce fléau. Fondée par les entrepreneurs Aminatou Sy et Asse Malik Alioun Niang, Daaddo Vdp est spécialisée dans collecte et la transformation des déchets plastiques en matériaux de construction écologique. 

L’entreprise fabrique pavés, briques et autobloquants à partir de cette matière, avec pour objectif de proposer une alternative écologique et peu coûteuse aux matériaux de construction courants. Dans leur atelier, ils travaillent avec une jeune équipe qui s’attèle à laver, traiter puis broyer le plastique. La matière obtenue est ensuite utilisée pour fabriquer les matériaux de construction.
Outre son action importante en faveur de l’assainissement de l’environnement urbain, l’initiative contribue à créer de l’emploi au sein de la jeunesse du pays. À l’avenir, les 2 fondateurs ambitionnent d’atteindre une capacité de production mensuelle de 10 000 briques et de 1 500 m2 de pavés écologiques.
Daaddo Vdp vient d’être sélectionnée lors du sommet virtuel des 2 Rives qui s’est tenu du 27 au 29 novembre, pour participer au programme Emerging Mediterranean, destiné aux entrepreneurs à forts impacts sociaux et environnementaux de la méditerranée.
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Aïsha Moyouzame
Ces jeunes mauritaniens transforment les déchets plastiques en matériau de construction (agenceecofin.com) 


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