Transformation locale, extraction responsable, filière intégrée… Le nouveau vocabulaire minier annonce une évolution des préoccupations des investisseurs, mais aussi des retombées pour les pays producteurs.
Publié sur Jeune Afrique le 14 juin 2022 à 18:45 (www.jeuneafrique.com) Par Gaëlle Arenson (Mis à jour le 14 juin 2022 à 21:44) Minerais « verts » : changement de paradigme dans l’industrie extractive – Jeune Afrique « Just transition for communities », ou la « transition juste pour les communautés » : tel est le nouveau standard de l’industrie minière si l’on en croit Christian Mion, associé senior de EY Consulting en charge des mines et de l’énergie pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Celui-ci intervenait en ouverture du panel consacré aux minerais « verts » et aux opportunités qu’ils offrent à l’Afrique organisé lors de la deuxième journée de l’Africa CEO Forum à Abidjan. De fait, « les critères Environnementaux Sociaux et de Gouvernance (ESG) s’invitent dans l’industrie minière », explique Souleymane Traoré, le directeur général de la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG), qui confirme ce changement de paradigme. « Autrefois, ce qui comptait avant tout aux yeux des investisseurs, c’était la teneur en bauxite de notre minerai. Dorénavant, ce qui leur importe, c’est de savoir si cette bauxite est extraite de manière responsable et si elle bénéficie aux populations locales », poursuit-il. Avant d’ajouter : « Il ne sera pas long à arriver le moment où deviendra indispensable, une labellisation complète des minerais tenant compte de leur origine et de leur mode d’extraction, voire de leur mode de transformation locale. » Intégration au Ghana Pour Philippe Bourdeaux, vice-président senior de Veolia, chargé de l’Afrique et du Moyen Orient, il s’agit désormais « d’un enjeu de réputation de marque » pour les opérateurs miniers sur le continent et ailleurs. Dans leur chaîne de valeur, les compagnies de la filière extractive ne peuvent tout simplement plus opérer sans prévoir le traitement de leurs rejets, de leurs eaux usées et l’utilisation d’une énergie responsable, soit les trois métiers du géant tricolore. Veolia intervient déjà sur ces fronts pour le compte d’AngloGold Ashanti Ltd au Ghana ; l’entité y voit un gisement d’opportunités pour la filière. S’assurer que les populations locales bénéficient des retombées du secteur extractif, c’est la stratégie que déploie quant à lui le ministre ghanéen des Terres et des Ressources minérales, Samuel Jinapor. Le producteur ghanéen d’aluminium Valco (Volta Aluminium Co) a été créée en 1962 pour mettre en valeur les gisements de bauxite du pays. Mais depuis cette époque, la filière vivote car le Ghana importe l’alumine – étape intermédiaire de transformation de la bauxite – au lieu de la fabriquer sur place et ainsi, de créer de la valeur localement. L’administration minière ghanéenne se fixe comme objectif d’installer sur le territoire une raffinerie d’alumine et de bénéficier ainsi des retombées économiques d’une filière pleinement intégrée. R&D au Maroc Cette approche d’intégration figure aussi au centre de la stratégie d’entreprise de Managem, explique Naoual Zine, directrice générale de Reminex, la filiale R&D et d’ingénierie du groupe minier marocain. « Si Managem a pu déployer sans relâche cette politique de maîtrise complète de la chaîne de valeur, c’est grâce au soutien inconditionnel et à la vision à long terme de son actionnaire Al Mada, dont le slogan est ‘positive impact’ ». Quand certaines mines de son portefeuille ne rapportaient pas de bénéfices, Managem n’interrompait pas pour autant l’activité des sites en question ; au contraire, les programmes de R&D de Reminex se poursuivaient en parallèle pour déboucher au final sur des brevets développés in-house comme pour la fabrication de cathodes de cobalt, ou encore d’unités hydro-métallurgiques de transformation de métaux. Le royaume chérifien en abrite actuellement une dizaine. Jeune Afrique: Minerais « verts » : au Cap, l’industrie extractive à l’heure de la transition énergétique – Jeune Afrique
La grande messe du secteur extractif africain a eu lieu au Cap. Au menu l’édition 2022, hydrogène vert et ESG pour mener la quatrième révolution industrielle.16 mai 2022 à 14:06 Par Gaëlle Arenson - envoyée spéciale au Cap Mis à jour le 17 mai 2022 à 16:10 « Transition énergétique », « ESG [Environmental, social and governance – critères environnementaux, sociaux et de gouvernance] », « hydrogène vert » resteront les maitres mots de la rencontre Investing in Mining Indaba 2022, figurant à l’ordre du jour de tous – ou presque – les panels de présentation. Pour le continent, et en particulier pour l’Afrique du Sud hôte de cet évènement depuis une vingtaine d’années, l’urgence est particulièrement palpable sur le front de la décarbonation. Le pays dépend à 70 % du charbon pour son mix énergétique, tandis que son taux de chômage, de plus de 35 %, est l’un des plus élevés d’Afrique. Comment négocier la réduction du recours à cette énergie fossile sans aggraver encore la situation de l’emploi ? Le ministre sud-africain des Minéraux et des Ressources énergétiques, Gwede Mantashe, a fixé la tonalité du débat dès l’ouverture de la conférence le 9 mai : « Le courage, c’est la capacité à surmonter et à gérer la peur ». Le pays doit se retrousser les manches pour prendre, en marche, le train de la quatrième révolution industrielle, a-t-il encore déclaré. Pour Demetrios Papathanasiou, directeur monde Énergie et industries extractives de la Banque mondiale, « il nous faut avancer, il nous faut réduire nos émissions, nous sommes déjà en retard ». Tshokolo Nchocho, DG de l’Industrial Development Corp (IDC) sud-africaine conclut : « Nous ne pouvons nous permettre de manquer les opportunités industrielles liés à la transition énergétique. Et en même temps, nous ne pouvons tolérer un processus où de nombreuses personnes sont laissées sur le bord du chemin, nous nous devons d’être inclusifs ». La feuille de route est fixée. Sous-investissement chronoque dans la recherche D’autant que tout est loin d’être négatif sur le front minier sud-africain. La nation arc-en-ciel abrite 70 % des réserves mondiales des métaux du groupe du platine (PGM), essentiels dans le procédé de fabrication de l’hydrogène vert. Mais le gouvernement saura-t-il mettre en place les politiques industrielles fortes pour développer cette filière quand d’autres pays les ont déjà enclenchées, à l’instar du Maroc et de l’Égypte ? « Nous sommes mobilisés pour saisir les opportunités de l’économie de l’hydrogène », rassure le président sud-africain Cyril Ramaphosa, ancien entrepreneur notamment dans les mines, citant la mise en service inaugurale la semaine précédente, par Anglo American, du plus gros engin minier au monde fonctionnant à l’hydrogène vert, sur le site de Mogalakwena (platines). Et Ramaphosa d’aller plus loin : « Nous nous engageons à apporter les aides nécessaires à une nouvelle vague d’exploration dans le nickel, les terres rares et le cuivre ». L’industrie minière sud-africaine, et plus largement africaine, souffre de sous-investissement chronique dans la recherche et l’identification de nouveaux gisements, en particulier depuis la crise de 2014. Les réserves de minerais sont mises en valeur, mais ne sont pas remplacées. Miser sur le cuivre ? Le métal rouge, à usage transverse à quasiment tous les niveaux de la transition énergétique, est en effet l’autre grande star de la conférence, à bas bruit. Même si les « capitaines du mining » en ont déjà saisi son enjeu. Au déjeuner de presse de Barrick, son emblématique dirigeant Marc Bristow – chantre inconditionnel de l’or – explique sans ciller que « le cuivre est le métal le plus stratégique à l’heure actuelle : pour décarboner le monde, vous avez besoin de cuivre ». Pour Hakainde Hichilema, le président zambien élu en août 2021, autre invité d’honneur de l’Indaba 2022, la route est particulièrement ardue. Le mandat de son prédécesseur Edgar Lungu a laissé la filière cuprifère exsangue au moment où, ironie du sort, le cours du métal a dépassé la barre des 10 000 dollars la tonne. Ces dernières années, Vedanta et Glencore se sont retirés respectivement des Konkola Copper Mines et des Mopani Copper Mines, renationalisées par le gouvernement. Si bien que le nord-américain First Quantum se retrouve aujourd’hui unique opérateur de cuivre du pays, qui enregistre une production annuelle de 850 000 tonnes. Initiatives de redressement Qu’à cela ne tienne, Hichilema a déclaré fixer comme objectif de production de la Zambie 3 millions t/an. « We’re open for business », a-t-il appelé à l’endroit des acteurs clé du cuivre dans le monde. « Nous avons une tolérance zéro pour la corruption, la Zambie est gouvernée par l’État de droit. Nous rassurons les investisseurs sur la sécurité de leurs actifs. Nous soutenons nos opérateurs locaux, mais sans recourir au nationalisme des ressources », a encore plaidé le président zambien, ancien homme d’affaires. Parmi ses premières initiatives pour redresser l’industrie depuis sa prise de poste, l’abaissement de l’impôt sur les sociétés, la réintroduction de la déductibilité des royalties, la suspension ponctuelle de l’attribution de permis pour nettoyage et digitalisation du service du cadastre « afin de déraciner la corruption endémique au secteur ». Et la signature le mois dernier d’un mémorandum d’entente avec sa voisine, la RDC, pour développer une chaîne de valeur dans les batteries électriques. En 2021, la RDC a généré 1,8 million t/an de métal rouge, plus du double de la Zambie. Sans parler du cobalt, autre métal clé de la transition énergétique dont le pays recèle 50% des réserves mondiales, et dont la Zambie dispose aussi en quantité, mais qu’elle n’a jamais développé. ![]() Un article proposé par AMR sur Jeune Afrique. Implantée depuis 6 ans dans la Préfecture de Boké en République de Guinée, la société minière Alliance Minière Responsable (AMR), dès la phase exploration, a tissé une relation de proximité avec les communautés riveraines de son projet de bauxite. Maintenant en pleine phase d’exploitation, le développement local fait partie intégrante des activités d’AMR et la société prépare dès à présent la période d’après mines pour les communautés. De l’exploration à la production, avec les communautés La société AMR, fondée par Romain Girbal et Thibault Launay, possède un permis d’exploitation de 150 km2. Avant même de débuter les travaux d’exploration, la première étude entreprise sur ce permis fut la réalisation d’une Notice d’impact environnemental et social pour identifier toute zone vulnérable et cartographier les parties prenantes inscrites dans le territoire. Les plans et modalités de forage ont ainsi été définis en fonction de ces zones sensibles et les communautés systématiquement consultées, avant, pendant et après chaque travaux, et participaient à ces travaux dès que possible. La phase de développement du projet s’est accompagnée d’une Etude d’impact environnemental et social approfondie, qui s’est construite conjointement aux études de faisabilité technico-économiques. Cette étude, régulièrement actualisée, s’est initialement basée sur un plan industriel préalable qui lui même a progressivement été ajusté en intégrant le contexte territorial physique et humain. Le projet AMR est entré en production en janvier 2018, à la faveur d’un contrat d’amodiation signé avec la Société Minière de Boké. Les équipes environnementales et sociales des deux sociétés se sont associées et ont été renforcées en vue d’assurer un suivi environnemental et social quotidien, notamment auprès des communautés. Ce suivi s’est immédiatement manifesté par des actions visant l’amélioration des infrastructures de base telles que l’adduction d’eau (37 forages et puits réalisés depuis 2018) et le reprofilage de pistes rurales (15 km de pistes réhabilitées et 5 km supplémentaires en projet), en réponse aux besoins et souhaits formulés par les communautés lors des consultations. Vers un développement local autonome Outre ce soutien logistique, l’intégration des communautés au projet AMR passe par la mise en œuvre d’une stratégie de développement local visant à activer le potentiel développement du territoire sous-jacent à l’activité minière. C’est dans ce contexte qu’ont été soutenus des projets générateurs de revenus capables d’être gérés de manière autonome et indépendante de l’exploitation minière. 2 types de leviers ont ainsi été activés : l’artisanat local et le maraichage. Parmi les initiatives dans le domaine de l’artisanat, AMR a équipé 4 villages de plateformes multifonctionnelles, consistant en un assemblage de moteurs et de modules électromécaniques pour le décorticage, la minoterie, la soudure, la fourniture d’électricité. L’initiative la plus récente fut la création d’un centre de couture, inauguré le 7 mars 2021, dans le district de Guilléré (2 300 habitants). Les locaux, occupant une parcelle de 325 m2, sont installés dans un nouveau bâtiment de 67 m2 ouvert sur la rue principale et pouvant accueillir jusqu’à 25 apprenti(e)s. Ils sont équipés de 10 machines à coudre et d’un grand espace dédié à la création, à la formation et à la commercialisation. Les groupements bénéficiaires ont tous été formés à la vie associative, à la bonne gouvernance, à la gestion et à la commercialisation, et bénéficient d’un suivi régulier des équipes d’AMR, expertes en développement local. Grace à cet appui, les nombreux artisans habitant dans les villages riverains du permis minier d’AMR, couturiers, soudeurs, menuisiers, disposent désormais de moyens matériels et d’infrastructure pour développer pleinement leur profession et former une nouvelle génération à ces métiers. La région de Boké possède un très riche potentiel maraicher, cependant non optimisé (resté majoritairement à un stade de subsistance), faute d’équipements adaptés, de connaissances techniques, de chaine commerciale. Pour dynamiser ce potentiel, 4 aires de maraichage ont ainsi été aménagées produisant actuellement tomates, piments, aubergines, gombo, ananas … et commercialisés dans les marchés des grandes villes de la région en générant des revenus au moins trois fois supérieurs à ceux issus de la production antérieure. Le soutien d’AMR a permis aux groupements bénéficiaires de disposer d’équipements, de connaissances dans les techniques agricoles modernes et éco-responsables, et de gérer leurs domaines de manière profitable et pérenne. Au delà de leurs retours directs (augmentation des revenus, amélioration de la qualité de vie), ces initiatives soutenues par AMR auprès des communautés riveraines apportent de nombreuses dynamiques, à commencer par leur contribution au développement économique et social local indépendamment de l’activité minière elle-même. Elles confèrent aux communautés une responsabilité sociale et économique et induisent un apprentissage à l’autonomisation puisque les infrastructures et les équipements sont gérés et entretenus par les communautés elles mêmes. Forts de leur succès ces projets encouragent la création, l’entreprenariat, et le développement d’autres activités dans tout le territoire. Ces activités sauront de plus perdurer dans la période d’après mine, phase essentielle à laquelle tout projet minier responsable se doit d’être préparé. « NOUS SOMMES TRÈS HEUREUX DE POUVOIR PARTICIPER AU DÉVELOPPEMENT DURABLE DE LA VIE DES COMMUNAUTÉS DE BOKÉ. NOTRE COLLABORATION AVEC CES COMMUNAUTÉS A POUR OBJECTIF, ENTRE AUTRES, DE LES SOUTENIR DANS LEURS INITIATIVES ENTREPRENEURIALES PERMETTANT DE DYNAMISER LEUR POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT ET GÉNÉRER DES REVENUS SUR LE LONG TERME. » (Romain Girbal, PDG d’AMR) Au Club Africa Development, GreenProject présente les industries extractives d'Afrique de l'Ouest1/23/2020
Cela s'est passé sous les auspices de la Chambre de Commerce de Mauritanie, en présence de son président Ahmed Baba Eleya, du président du Patronat Mauritanien, Zein El Abidine O Cheikh Ahmed ainsi que d'un panel de speaker vedettes en plénière, à savoir: le Directeur Général de la Promotion des Investissements et du Développement industriel, M. Mohamed Habiboullah Mohamed Ahmed, le Secrétaire Général de la Chambre des Mines et du Pétrole, Dr. Mohamed Die, le Mining Manager d’Erevna, M. Aboubacar Soumare, et M. Mohamed El Mamoune Ould Dide, Consultant international Oil & Gaz, panel qui a traité des performances de l'écosystème des industries extractives.
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